jeudi 1 juin 2023

Contortionniste

 Le saviez-vous ? Je fais le grand écart ! 




A mon âge ! C'est pas beau ?

Hier, j'étais en Ehpad, atelier d'écriture avec des "pensionnaires". Aujourd'hui, en maternelle.

Grand écart, quoi !

Et vous savez quoi ? Il n'y a guère de différences. Ce sont les mêmes choses qui se dessinent, les mêmes humanités qui émergent, les mêmes thèmes. Le vocabulaire est  différent mais les mots, les émotions finissent par se rejoindre. 

Jouez, vous allez perdre !

- Mon papa m'emmenait sur ses épaules, à son travail. Si j'étais sage, je pouvais faire un trait avec son crayon bleu. A ma mère, il disait "c'est le gamin qui a fait le trait".

-  Quand je suis triste, je voudrais qu'on me prenne dans les bras.

- Moi, je suis folle des arbres. Grimper aux arbres, toujours. Avec les garçons. Faire le cochon pendu, la tête en bas, voir le haut de l'arbre et rester comme ça.

- L'école, je m'applique, je trace, c'est pas beau mais je sais écrire. Je suis fier.

- On a froid aux mains, ça brûle, c'est pas normal, les mains dans l'eau glacée, rouges, ça ne devrait pas brûler. Maman qui me dit "c'est pas grave, donne tes mimines, je te réchauffe".

- Les pique-nique en famille, c'est ça le plus joyeux. Juste de la mayonnaise, du pain, du jambon et une grande couverture pour faire la sieste après. J'adore dormir dehors, l'ombre qui fait le bruit du coucou.

- Il m'a volé ma casquette et quand je l'ai dit à la maîtresse, elle a dit que ce n'était pas grave. Sauf que pour moi, si, c'est grave.

- La montre de mon papa. C'est ça, le plus beau cadeau. Après il est mort, mais pas sa montre.

Grand écart. 

Petit ps : on parle de l'horreur de certains Ehpad. Mais, aussi, et il faut le dire, certains sont vraiment doux, tendres, humains. Ceux qui ont à coeur d'inviter des auteurs acrobates (et autres saltimbanques) ?






jeudi 11 mai 2023

Ce qui se dit, ce qui s'entend...

 Les ateliers d'écriture, avec les enfants, j'adore. Comme on dirait dans Forest Gump, on ne sait jamais sur quoi on peut tomber.

Aujourd'hui, j'ai pu rencontrer celle que, dans mon coeur, j'appellerai Mercredi. Le thème de l'atelier ? "Nina rencontre un extraterrestre".

Mes questions :

- Et où se rencontrent ils ?

Mercredi, 8 ans, sémillante, un pinson :

- Au cimetière !

Un peu plus tard, moi :

- Et que se disent-ils ?

Mercredi, avenante et primesautière : 

- Ils se disent : " Toi, tu vas mourir !"

Dix minutes après,

Moi : Et qu'est-ce que ça pourrait être, cet objet ?

Mercredi, tout sourires :

- Un truc qui crève le ventre...

Je crois que Mercredi pense pas mal à la mort, en ce moment. Ca m'a rappelé une certaine petite Christine au même âge... Mercredi, tape m'en cinq !

L'après midi, je file à la maternelle. Accueil : 

- Ho ! T'es mieux que la dernière fois !

- Regarde, je mets mon nez sur la vitre : ça fait de la colle ! Touche !

On écrit un album. Le thème est "Soirée pyjama".

Moi : Vous croyez qu'ils vont faire des bêtises, les enfants ?

Les petiots ;  

- OUIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII !

Moi, alors, quoi, comme bêtises ?

Aaron, un adorable cheveu sur la langue et de grands yeux candides :

- Ils boivent des verres d'alcool.

Mya, emportée par l'enthousiasme

- du PICON- BIEEEEERE ! (je vous rappelle qu'on est en Lorraine)

Tous les autres :

- Ouiiiii ! Ou d'la KRO !








La maîtresse, regard complice et magnanime, genre "Tu ne savais pas dans quoi tu t'engageais, naïve autrice que tu es !"

Moi :  On avait dit "des petites bêtises"...

Aaron :

- Ben, ils boivent des petits verres d'alcool alors !

Vous savez quoi ? On a écrit des belles, chouettes, vivantes, portantes, émouvantes histoires. Comme disait un de mes collègues prof : "On est pas bien payés mais on perd pas son temps "!

mercredi 14 décembre 2022

Comment le sens critique vient aux enfants

 C'est comme ça : il y a des histoires qui font bouger les enfants, qui les font réagir, physiquement j'entends.

Et autrement aussi.

C'est le cas de "L'extraordinaire aventure de la classe de Mademoiselle Petsec".





Je ne résiste pas à l'envie de mettre une photo de ma fille à un apéro-quizz, en vacances




Ca rend joyeux, on est heureux de se défouler.

A la fin, lorsqu'on a bien ri, je demande : " Alors, il a bien fait, d'obéir, cet enfant ?". Et là c'est le débat. Il y a les enfants qui sont bien élevés mais qui sont tout de même perturbés : en effet, le héros, en n'activant pas son sens critique, connaît bien des déboires. Mais il a juste obéi à l'autorité !

Il y a aussi les enfants qui percutent : ben non, quand l'ordre est idiot, il faut refuser.

On arrive donc à parler du consentement comme ça, tranquillement, après une bonne poilade.

Ca peut servir !

jeudi 28 juillet 2022

 Les petits miracles.

Les petites choses. Vous ai-je dit que je croyais aux infusions ? Ho, pas à la camomille (c'est pas bon, hein ?) ni à la farigoulette (quoique...), non, je crois aux infusions de joie. De bonheur, de plaisir, de partage, de rigolade, enfin de choses qui ont un petit astérisque +++.

Je crois vraiment que si on est sincèrement heureux de partager quelque chose, si on croit vraiment que cette énergie joyeuse va diffuser et bien.... on la diffuse. S'en empare qui veut. 

Les livres ont changé ma vie. En lisant, j'ai entrevu d'autres planètes que la mienne, toute petite. En lisant, j'ai su qu'il existait d'autres mondes, plus riches, plus subtils, plus compréhensifs, plus doux, plus écoutants, plus exigeants. J'ai trouvé des consolations, vérifié des hypothèses, j'ai su que j'avais le droit d'exulter, d'enlacer, de rejeter. Mon éventail s'est ouvert. Les épouvantails se sont vus rabougrir.

Les ateliers, c'est ça : j'ouvre un éventail. Prenez de l'air, si vous en voulez.

Là, il y avait des enfants, des manans, des papas, des bébés, des bénévoles (que serait ce pays sans les bénévoles ?), j'ai ouvert l'éventail.

A un moment, c'était juste très beau. On respirait.



On s'est dit "Viens, on se met par terre" et tout le monde était d'accord.






On a bien discuté !

Une toute petite bébée juste heureuse d'être avec nous

Elle n'a pas deux ans mais elle fait comme les grands.














jeudi 30 juin 2022

 Mais où ai-je donc la tête ! Je ne vous ai pas dit, toute à ma joie que j'étais : Ana Duna et moi avons gagné le prix des Incorruptibles, catégorie maternelles. Avec notre petit "Aïe Aïe Aïe" (tellement pénible à écrire à l'ordinateur, ce titre !)


Le prix des Incos, c'est 500 000 enfants engagés. Un enfant, un vote, et les adultes n'ont pas leur mot à dire.

Alors moi, qui suis pourtant presque adulte, je dis ce mot : MERCI !

Merci les loupiots !

 Le Livrodrôme.

C'était une belle fête autour de la littérature jeunesse. Toute la journée, les classes se sont succédées. Les enfants ont pu s'essayer à l'imprimerie, se sont vus prescrire des livres sur mesure par des presque vrais docteurs, ont causé dans le poste et tout et tout. C'était joyeux, les collégiens étaient tout heureux de ne pas avoir cours et de n'être obligés à rien. Du coup, ils ont fait plein de choses.

Avec Johanna, du "labo des histoires", on a élaboré une grande loterie de l'écriture. J'étais à la conception, elle à la (magnifique) réalisation.  On a fait écrire des centaines d'enfants, de jeunes et même d'adultes.


Ils se sont bien amusés. Ils se sont lâchés, ont cogité, rigolé, pesté.

Certains sont restés une heure, d'autres cinq minutes, on a eu des ravisés trop timides pour tenter l'aventure puis revenant avec une copine, on a eu des sourires de fierté, des vocations naissantes.

un haïku bien appétissant !


On a eu des classiques et des excentriques.

un mot-valise attendrissant

Des poétiques et des pragmatiques.





l'écritude abécédaire, c'est dur, surtout sur la fin !

Et le tautogramme, c'est pas simple non plus !

On a passé un beau moment, j'espère qu'on a débloqué des plumes enkystées dans le gros pavé de la peur. Ecrire, c'est amusant. Si !




mardi 14 juin 2022

Comment naissent les livres...

Quentin Gréban est un grand auteur-illustrateur. C'est un fait. Moi, je ne fais que des textes (" C'est déjà ça" m'a dit un jour un monsieur, un peu désolé pour moi). Lorsque je demande aux enfants pourquoi je ne dessine pas, à leur avis, je vois bien qu'ils n'osent pas me vexer. Jusqu'à ce qu'il y en ait un, un peu moins diplomate, qui lance : "Parce que tu dessines mal !"

Ben c'est vrai. J'admire tellement ceux qui dessinent ! En dédicace, à côté d'un illustrateur, j'en oublie de faire mon job. Je regarde le crayon marcher tout seul, car c'est ce qu'on dirait, pendant que le dessinateur-trice semble penser à tout autre chose, parle, rit...

Quentin, par l'intermédiaire de notre éditeur, m'a envoyé des dessins. On y voyait un petit koala, en slip. Et quelques phrases : "A la piscine, le petit koala réalise qu'il ne retrouve plus son pantalon. Tout le monde va voir son slip à fleurs."

Il voulait une ambiance "Amérique années 50, les diners, etc".







Et comme un jeu, il m'a dit "A toi !"
C'est ce que j'ai fait. D'habitude, ça ne fonctionne jamais comme ça : au commencement, il y a le verbe. Et puis les dessins ensuite.
J'ai adoré faire ça. J'adore le résultat. Il est tendre et drôle, ce petit koala. Il s'affranchit du regard des autres avec courage. C'est un cadeau pour tous ceux qui n'osent pas se montrer tels qu'ils sont, tous ceux qui ont honte. Allez, en slip, petit koala, tu es formidable ! Sois fier de toi !
Merci Quentin ! Tellement merci ! Inspirant, c'est l'adjectif qui me vient : ton dessin a entraîné tellement de mots dans ma tête ! Dis, on en fera d'autres, hein ?
PS : sortie le 15 septembre...








Contortionniste

 Le saviez-vous ? Je fais le grand écart !  A mon âge ! C'est pas beau ? Hier, j'étais en Ehpad, atelier d'écriture avec des &qu...