Les titres auxquels vous avez échappé :
- Une autrice en prison
- la Christine embastillée (ne cherchez pas, aucune contrepèterie)
- En zonzon, la Kiki
Voici finalement, le titre choisi, sobre, politiquement correct (mais moins rigolo) :
Ecrire avec des personnes incarcérées.
Un beau projet, vraiment, parti du principe que le lien parent-enfant est à maintenir, réinstaurer, et même parfois créer. Les moments de parloir sont stressants et parfois rares, le temps et les circonstances n'encouragent pas les moments de calme, d'échanges paisibles et affectueux. Et quelle place est laissée à la rêverie, la poésie, l'imaginaire, à un autre langage que celui de l'immédiateté ?
Les parents (incarcérés) volontaires ont été sollicités pour écrire et illustrer des histoires, regroupées dans un album à destination de leur (s) enfants(s).
Lorsque nous avons commencé les ateliers, le ton et l’esprit étaient
légers, l’ambiance tout en détente. Et puis, il y a eu un moment de bascule,
lorsque la question : « Quelle phrase aimeriez-vous dire à votre
enfant, quelle phrase auriez-vous aimé entendre, enfant ? » a été
posée.
Là, ça devenait un enjeu, ça devenait important, presque grave.
Il s’agissait de produire quelque chose de sérieux, de dire quelque chose de
vrai et de joyeux à la fois.
Toues ces histoires ont en commun une chose :
l’absence. Et toutes évoquent le chemin, le passage affectueux, d’un côté ou
de l’autre pour se rejoindre, la transformation nécessaire pour mieux se
retrouver.
Les histoires sont belles, douces, puissantes. Les papas et mamans sont fiers. Une professeure qui les accompagne m'a dit qu'un papa lisait le livre au téléphone à son petit, à chaque fois qu'il lui parlait, en rituel. C'est beau, pas vrai ?
Pour moi aussi, ça a été un chemin, un parcours. Je vais
devoir m’habituer à l’absence de ces pères, de ces mères, de ces anciens
enfants. Et pour moi aussi, ce chemin restera quelque chose de vrai, de grave
et de joyeux.
Nous avons été nombreux à travailler sur ce projet : Sandra Poirot-Cheriff, Claude André, de l'association "Jeunes lectures", la compagnie de théâtre Polcatac, les enseignants Pierre-Marie et Elodie, l'association Dédale et d'autres encore, comme Cyrille. On était une chouette équipe, tous, ceux qui pouvaient rentrer chez eux et ceux qui restaient encore.